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Le vin suisse se mérite!

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Philippe Herminjard (Centre Patronal)
Un grand quotidien romand (ndlr Le Temps) a publié récemment un article critique à l’égard de la complexité du système helvétique des appellations d’origine contrôlée (AOC) des vins. Une comparaison y est faite avec l’Alsace, vignoble de surface équivalente à celui de la Suisse mais semble-t-il plus facile à comprendre par le consommateur occasionnel.

En France, les premières AOC sont apparues en 1935. La Suisse a introduit la première AOC en 1988 à Genève et depuis, les autres cantons ont suivi avec, pour chacun, une réglementation adaptée à son vignoble, ce qui donne cette impression de complexité. On relèvera que l’Alsace jouit d’un climat et d’un historique vitivinicole relativement homogènes, ce qui n’est pas le cas chez nous, loin s’en faut. On sait que la plupart des régions viticoles recherchent les meilleures adéquations entre les cépages d’une part, leur climat et leurs terroirs d’autre part. Bien que le vignoble suisse soit composé de nombreux climats et de terroirs forts différents, la recherche du meilleur accord «cépage-terroir-climat» montre ici des résultats très convaincants. Ces démarches qualitatives, toujours en cours aujourd’hui, mettent en évidence une grande force de notre vignoble: la multiplicité des cépages cultivés en Suisse débouche sur la capacité de produire un vin qui se mariera parfaitement avec les plats les plus divers et jusqu’aux plus exotiques. Fournir à chaque plat un vin suisse qui puisse lui correspondre, cette performance est unique au monde!

Chaque cépage noble et mondialisé comme le Chardonnay, le Pinot noir, le Merlot ou la Syrah peut désormais concourir dans diverses joutes viniques internationales et il n’est plus rare d’y retrouver des vins suisses parmi les mieux classés. Une preuve supplémentaire que les adéquations entre cépage, terroir et climat ont été résolues avec succès.

La critique condamnant la réglementation suisse pour sa complexité ne tient pas compte de notre diversité géographique. On notera que d’autres régions de grande notoriété ne font guère mieux. Ainsi, la nomenclature des divers crus de certaines sous-appellations de Bordeaux reste très difficile à appréhender pour l’amateur, même éclairé.

Le vin suisse se mérite mentionnait l’article incriminé plus haut. Comme la musique et l’art en général, le vin relève d’une culture subtile. Si, pour le néophyte, appréhender la hiérarchie des grands peintres demande un effort culturel particulier, il n’est pas incongru d’en attendre autant de celui qui s’intéresse au vin. Souvenons-nous que la classification des AOC suisses relève d’une histoire récente et ne demande qu’à évoluer vers une meilleure lisibilité afin que le consommateur occasionnel s’y retrouve un peu mieux et surtout qu’il trouve du plaisir à apprendre la richesse culturelle du vin suisse. Pour contribuer à cette culture, on doit aussi attendre des journalistes spécialisés qu’ils nous content les subtilités des vignobles, des cépages, des terroirs, des climats et de leurs interactions.

 

Liste des AOC suisses