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Une conviction pour défendre le développement durable du vin

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Texte David Moginier / Image Patrick Martin
Frédéric Blanc, Yvorne Le vigneron et œnologue d’Yvorne, président de Vitiplus, se bat pour une viticulture inscrite dans la durée.

Dans les vignes vaudoises, la production intégrée a commencé il y a un petit quart de siècle. A ne pas confondre avec le bio, cette méthode de culture vise une production raisonnée. «Vous savez, cela venait à une période où on croyait que la chimie résolvait tout et où on traitait presque automatiquement.» Frédéric Blanc, vigneron à Yvorne, est également le nouveau président de Vitiplus, la section vaudoise de Vitiswiss, qui gère le label Vinatura. Désormais, l’association, qui regroupe trois quarts des surfaces viticoles vaudoises, a développé un concept Viticulture durable que l’œnologue défend dans la continuité.

«Avant, on ne se posait pas de questions. On traitait contre les acariens sans se demander s’il y avait bien des acariens. On peut gérer les matières actives de lutte contre les champigons afin de permettre aux typhlodromes, prédateur des acariens, de se développer. Pour un vigneron, le risque de perdre sa récolte signifie une année entière de travail anéantie, et nous avons parfois besoin de nous rassurer.» Mais les moyens de lutte se sont également diversifiés, comme la confusion sexuelle, ces petits appâts qui troublent les insectes et qui permettent donc de se passer d’insecticides. Bien sûr, des accidents peuvent arriver. On a beaucoup parlé de la mouche suzukii, par exemple, qui pond dans les grains de raisin. «Mais on peut diminuer le risque avec un bon effeuillage qui garantit l’ensoleillement du raisin.»

Convaincre, pas imposer

A l’image de son président, aimable, fédérateur, calme et persuasif, Vitiplus travaille à convaincre plutôt qu’à obliger. «La production intégrée est devenue une évidence pour beaucoup, surtout dans le canton de Vaud, où ce mode de culture est suivi par l’immense majorité. Dans d’autres cantons, c’est plus difficile encore. Maintenant, chez nous, il faut aller plus loin.»

Le nouveau concept et son label Vinatura touchent donc à plusieurs domaines. Dans la vigne, les produits sont choisis pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement. «Nous avons aussi augmenté la traçabilité, qui est essentielle pour nous et pour le consommateur.» Le vigneron s’intéresse aussi à la biodiversité, à la préservation des paysages. «Mais, vous savez, le développement durable, c’est comme la prose du Bourgeois gentilhomme. Beaucoup d’entre nous en faisaient sans le savoir. Il faut surtout être à l’écoute de la vigne et connaître ses besoins.»

Le vigneron certifié va également tenir compte de la santé et de la sécurité de ses employés, économiser l’énergie et l’eau.

Dans la continuité

Pour celui qui a transformé le domaine familial agricole qui comptait quelques parchets de vigne en une cave connue, «la pérennité est inscrite chez les vignerons. Regardez combien de domaines sont dans les familles depuis des générations.» Lui a terminé sa maturité mais hésitait à poursuivre des études où les sciences devenaient trop pointues pour lui. Il s’est tourné vers la vigne. «C’est ça qui est beau avec ce métier de vigneron, on fait de la physique, de la chimie, de la comptabilité et du marketing», sourit-il.

La première bouteille née chez les Blanc à Versvey date de 1989. Depuis, Charly Blanc & Fils n’a cessé de progresser, tant en surfaces qu’en qualité, comme cet A la George 2004 qui avait remporté la Sélection des vins vaudois. Mais Frédéric travaille également comme œnologue pour les vins de la Commune d’Yvorne – qui a ainsi remporté de belles récompenses – et pour deux ou trois autres mandats. «Mais je n’aime pas me mettre en avant. C’est un métier où nous collaborons entre nous, nous n’avons pas de concurrents, juste des collègues.»