OFAG - L'année viticole 2016
- Mercredi 10 mai 2017
Le présent rapport donne les chiffres sur la viticulture en Suisse au cours de l’année 2016 ainsi que sur l’état des stocks de vins au 31 décembre 2016. Il renseigne en outre sur la production, la consom- mation ainsi que l’importation et l’exportation de vins pendant la période d’observation allant du 1er jan- vier au 31 décembre 2016.
Remarques préliminaires
Surface: la surface viticole totale suisse comprend, depuis 2010, les vignobles se trouvant sur le terri- toire français dans l’aire géographique AOC Genève de la zone limitrophe. Les surfaces viticoles du val Mesolcina (GR) sont imputées, non pas aux Grisons, mais à la Suisse italienne en raison de leurs similitudes culturales.
Récolte: depuis 2010, les chiffres relatifs aux récoltes de la région genevoise portent également sur les vendanges des vignes de l’aire géographique AOC Genève de la zone limitrophe. Les quantités récoltées dans le canton des Grisons ne comprennent pas celles du Val Mesolcina, qui figure à part et est rattaché à la Suisse italienne. En outre, comme le canton du Tessin transforme en vin blanc une part importante des raisins rouges (essentiellement du Merlot), ces volumes sont répertoriés à la ru- brique «vin blanc», mais les surfaces viticoles correspondantes sont recensées en tant que cépages rouges.
Stocks: les vins sont répartis selon leur classe (vin avec appellation d’origine contrôlée [AOC], vin de pays [VdP] ou vin de table [VdT]) et selon leur provenance. Seuls les vins dont l’origine suisse a pu être déterminée avec certitude entrent dans la catégorie des stocks de vins suisses.
La Fondation « Contrôle suisse du commerce des vins » (CSCV) détermine les stocks de vins sur la base des données d’inventaire communiquées par les entreprises qui sont soumises à son contrôle. De nombreux cantons connaissent également un service cantonal procédant à des contrôles équiva- lents, auxquels il est possible de soumettre uniquement les entreprises qui ne transforment et ne ven- dent que leurs propres produits et qui, chaque année, n’achètent pas plus de 20 hectolitres de vin pro- venant de la même région de production. Ces contrôles équivalents sont assurés par des laboratoires cantonaux en Suisse centrale et en Suisse orientale ainsi que dans les cantons suivants: AG, SH (aussi GL, AI et AR), TG, ZH (aussi GR). C’est l’Organisme intercantonal de certification (OIC) qui est compétent pour les cantons de Suisse romande (BE, FR, GE, JU, NE, VD et VS) et d’autres cantons depuis le 1er janvier 2016 (BL, BS et SO). L’OIC exerce son activité sur mandat des cantons.
Consommation: le calcul de la consommation de vin se rapporte aussi bien aux volumes stockés de toutes les entreprises soumises aux contrôles de la CSCV ou des services cantonaux. N’ayant pas pu être attribués à la Suisse, les vins sans indication géographique ont été classés dans la rubrique des vins étrangers. La rubrique « Consommation totale en Suisse » reprend les chiffres de celle dédiée à la consommation totale, mais sans les exportations de vin. Pour la consommation par origine ou par région, il n’est tenu compte que des stocks de vins dont le canton ou la région de production ont pu être clairement établis. C’est pourquoi le calcul de la consommation par origine ou par région ne tient compte que des stocks de vins AOC. D’après les estimations, la production de raisins AOC représente plus de 95 % de la production totale. Il faut également savoir que les stocks régionaux de vins AOC peuvent aussi, en vertu de la législation sur les denrées alimentaires, contenir jusqu’à 10 % de vins suisses issus d’autres régions (coupage), lorsque les cantons n’excluent pas cette possibilité. Les vins suisses AOC peuvent également être déclassés pour être rangé dans la classe des vins de pays ou des vins de table et être alors considérés comme « consommés ». C’est pourquoi le chiffre le plus fiable est celui de la consommation de vin à l’échelle de la Suisse.
Résumé
Surface (tableaux 1.1 à 1.4)
En 2016, la surface viticole totale s’élevait en Suisse à 14 780 hectares. Comme les années précé- dentes, elle a peu diminué (–13 ha; –0,1 %). La surface plantée en cépages blancs présente une su- perficie d’environ 6 303 hectares (+28 ha), celle en cépages rouges 8 477 hectares (–41 ha). Les cé- pages blancs représentent 43 % de la surface totale, et les cépages rouges 57 %.
Avec ses 4 875 hectares de vignes (–32 ha par rapport à l’année précédente), le Valais est le plus grand canton viticole de Suisse, suivi du canton de Vaud (3 774 ha; +3 ha), de celui de Genève (1 409 ha; –2 ha) et du Tessin, dont la surface viticole s’élève à 1 096 hectares (–2 ha).
En Suisse alémanique, c’est le canton de Zurich qui arrive en tête, avec 608 hectares (+1 ha), devançant le canton de Schaffhouse avec 483 hectares (superficie inchangée) et celui des Grisons (y c. Val Me- solcina) avec 449 hectares (–1,7 ha).
La diminution de la surface des terres où est cultivé le pinot noir, le cépage le plus répandu en Suisse, a persisté pendant l’année viticole 2016: d’une superficie totale de 4 140 hectares, ces terres ont perdu 67 hectares. La superficie des terres plantées en chasselas a également diminué de 49 hectares par rapport à 2015 pour atteindre au total 3 789 hectares. Les surfaces où est cultivé le gamay, le troisième cépage de Suisse, ont également perdu 34 hectares et s’élèvent désormais à 1 307 hectares. En re- vanche, la tendance positive affichée par le merlot se poursuit, puisque la superficie des terres où il est cultivé continue à progresser, totalisant actuellement 1 140 hectares (+15 ha; +1,34 %).
Récolte (tableaux 2.1 et 2.2)
La vendange 2016 (108 millions de litres) est supérieure à la moyenne des dernières années (+8 mil- lions de litres par rapport à 2005–2015) et de plus d’un quart aux volumes de 2015, dont le niveau avait toutefois été historiquement bas cette année-là. Les vignobles ont produit une récolte nettement plus abondante en Suisse romande (+32,8 %; +22 millions de litres) et dans le sud du pays (+32,5 %; +1,5 million de litres). En Suisse alémanique, par contre, les vendanges sont même inférieures à celles de 2015 (–6,1 %; –0,8 million de litres), en particulier dans les grands cantons viticoles (notam- ment ZH, SH, GR, AG).
L’année viticole 2016 avait commencé en Suisse sous de favorables auspices grâce à un hiver doux avec peu de neige, jusqu’à l’arrivée, au cours du mois d’avril, d’un temps frais et humide, qui s’est maintenu jusqu’au début de l’été. Le sol a même fréquemment gelé fin avril. L’abondance des précipi- tations a favorisé une importante infestation par le mildiou. La météo est devenue plus clémente à partir de la mi-juillet, mais les vignes étaient menacées par une attaque massive de drosophiles du cerisier. Le temps sec et les températures estivales de l’automne ont heureusement permis d’éviter les dégâts de grande ampleur redoutés. Malgré quelques pertes de rendement dues au mildiou, il a été possible de récolter des raisins parfaitement mûrs et de belle qualité.
Importations et exportations (tableaux 3.1 à 3.3)
Quelque 185 millions de litres de vins, de vins mousseux, de vins doux, de vins de liqueur, de mis- telles et de moût de raisin ont été importés en 2016, ce qui représente 2,76 millions de litres de moins que l’année précédente. Sur le volume, quelque 157 millions de litres ont été importés dans le contin- gent fixé (170 millions de litres), qui n’a donc pas été épuisé en 2016. Les importations de vins blancs ont diminué (total 39,4 millions de litres; –776 400 de litres), tout comme celles de vins rouges (total 123 millions de litres; –3,0 millions de litres). Comme l’année précédente, les importations de vins in- dustriels ont diminué, de 734 200 à 5 millions de litres environ, à l’inverse de celles de vins mousseux, qui ont progressé et dont 19 millions de litres ont en tout été importés (+938 200 litres; +5,2 %), ainsi que celles des vins doux et des moûts de raisin.
Comme par le passé, l’Italie arrive en tête des pays d’où proviennent les vins importés (73,6 millions de litres), suivie par la France (38,6 millions de litres) et l’Espagne (31,6 millions de litres). Quelque 10,6 millions de litres ont été importés du Portugal.
Comparées aux importations, les exportations sont relativement modestes et accusent un nouveau recul, soit une baisse de 104 700 litres (–7,85 %) par rapport aux années précédentes. Le volume to- tal de vins exportés en 2016 s’élève à 1,23 million de litres, un chiffre qui inclut les vins étrangers ré- exportés.
Stocks de vins (tableaux 4.1 à 4.3)
Les stocks de vins blancs, de vins rouges, de vins rosés et de vins mousseux recensés au 31 dé- cembre 2016 ont recommencé à augmenter, pour la première fois depuis 2012, passant de 204,3 mil- lions (2015) à 221,3 millions de litres (+17 millions de litres; +8,3 %).
Ces stocks comprennent près de 147 millions de litres de vins suisses d’appellation d’origine contrô- lée (+11,5 %), environ 14 millions de litres de vins de pays suisses (+30,5 %), 5,5 millions de litres de vins de table indigènes et de vins sans indication de provenance (+2,8 %) et près de 55 millions de litres de vins étrangers (–2,9 %).
On constate en Suisse alémanique une nette régression des stocks de vins, qui s’explique par les ré- coltes médiocres des grands cantons viticoles en 2016. Contrairement à 2015, les stocks des vins étrangers baissent d’une manière générale, alors que ceux des vins mousseux et des autres vins ont augmenté.
Le canton du Jura apparaît pour la première fois dans la rubrique consacrée aux vins suisses d'appel- lation d'origine contrôlée (AOC). Il a édicté son propre règlement AOC en 2016.
Consommation de vin (tableaux 5.1 à 5.5)
D’après les statistiques, quelque 253 millions de litres de vin ont été consommés en 2016, soit une réduction de près de 10 millions de litres par rapport à 2015 (–3,8 %), qui s’inscrit dans la tendance à la baisse des années précédentes. Les Suisses ont dans l’ensemble bu moins de vins suisses et de vins étrangers, vins industriels et vins exportés compris. La consommation de vins suisses a diminué de 9,6 millions de litres pour s’établir à 89 millions de litres. Celle de vins étrangers a reculé de
316 200 litres et s’élève désormais à 164 millions de litres. La part de marché des vins suisses a chuté pour atteindre 35 %.
Le recul de la consommation de vins est dû aux trois années successives de vendanges médiocres, entre 2013 et 2015. Pendant cette période, les quantités récoltées ont chaque fois été inférieures aux volumes de vins consommés, ce qui a régulièrement fait diminuer les stocks. La production n’a donc plus été en mesure de satisfaire la demande en vins suisses.
D’une manière générale on pourrait s’attendre à ce que la demande non satisfaite en vins suisses soit compensée par des importations. Mais ce n’est pas toujours le cas: seule la consommation de vins blancs étrangers a progressé de 1,9 % pour atteindre 39,8 millions de litres, tandis que celle de vins blancs suisses a régressé de 13,1 % et s’élève désormais à 42,5 millions de litres.
La consommation de vins rouges étrangers a même légèrement reculé de 0,9 % et s’est établie pour l’instant 124,6 millions de litres. Celle de vins rouges suisses a diminué de 6,3 % pour s’élever à 46,6 millions de litres.
La population résidante permanente ayant à nouveau progressé en 2016 (8,4 millions d’habitants2, soit une augmentation de 90 600 personnes ou de 1,1 %), la consommation de vins par personne a continué à reculer pour atteindre tout juste 30 litres. Ces chiffres ne tiennent toutefois pas compte des vins importés par des particuliers dans le trafic touristique.
Pour de plus amples renseignements, veuillez vous adresser à:
Doris Boehlen
Office fédéral de l’agriculture (OFAG) Secteur Produits végétaux
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