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Le Räuschling, un Suisse discret

Marc Vanhellemont est un journaliste belge travaillant pour divers magazines en Belgique et en France (In Vino Veritas, Oenosphère, Terre de Vins, L’Evénement…). Il nous raconte sa rencontre avec le Raüschling cépage blanc cultivé principalement en Suisse alémanique.

Une séculaire histoire

Il a presque disparu du Palatinat et du Wurtemberg, au sud-ouest de l’Allemagne, d’où il est sans doute originaire. Au Moyen-Age, pourtant, ce cépage était répandu de cette région jusqu’au nord de la Suisse et en Alsace. Il avait la cote à l’époque, et bien après encore; ainsi, en 1614, le comte Philip Ernest von Hohenlohe-Langenburg en fit planter à la place du Gouais Blanc, sur ses terres de Franconie. Il ignorait qu’il remplaçait le père par le fils. Le Gouais, en effet, s’était croisé avec le Savagnin pour donner le Räuschling, c’est l’analyse ADN qui le révèle, on ne peut plus rien cacher. Après moult péripéties, il finit par tomber en disgrâce, un peu trop fragile, peut-être, pour être remplacé par le plus docile Riesling. Il en restait quelques ceps du côté de Zurich. Les vignerons de la région l’ont récemment sauvé de l’oubli. Il reste un peu plus d’une vingtaine d’hectares dans le monde, concentré autour du lac de Zurich et à Schaffhouse.

L’ampélographe

Le Räuschling offre un feuillage sombre et dense au travers duquel se perçoivent les bois rouges brun. Les grappes moyennement grandes présentent des grains sphériques à la peau fine, qui se colore de jaune vert à la maturité. Cette peau fragile craint les orages d’automne qui la fait éclater. Le Räuchschling est aussi sujet à la coulure et au millerandage.
Il débourre en deuxième époque et son cycle court le fait mûrir assez tôt. Son jus clair est fort acide.

Du vent dans les feuilles

Quant à son nom, deux versions; la première avance un lien avec le mot rauschen qui veut dire bruire ou bruisse, en allemand et qui évoquerait le bruissement provoqué par le passage du vent dans son épaisse frondaison – ils sont poètes, ces vignerons teutons!
Plus prosaïque, Räuschling viendrait de Russ ou russlig, couvert de suie, à cause de la couleur sombre de ses bois. Cela reste charmant.

Le vin

En voici une cuvée bien appréciée, le Meilener Räuschling Seehalden 2014, AOC Zürichsee produit par Schwarzenbach Weinbau

Jaune pâle à reflets verts, des senteurs légèrement anisées en fusent, puis arrivent les perceptions florales de jasmin et de fleurs de tilleul. Quelques fruits blancs viennent ensuite se montrer. La bouche frise délicatement, un reliquat de carbonique qui ajoute à sa dynamique. Le citron l’avive encore. Par contre, une saveur presque onctueuse de poire fondante et de carambole bien mûr vient contrebalancer l’élan acidulé. La structure se construit autour d’un squelette minéral dont on ressent l’angle accrocheur sur les papilles. Une saveur subtile d’épices nous accompagne tout au long de la dégustation.

Côté vinif

Le premier millésime de cette cuvée  fut élaboré en 2005. Les vignes plantées en 1989 poussent  à 4.200 ceps/ha dans un terrain assez lourd fait d’argiles relativement compactes.
Les raisins sont égrappés et pressurés. Le moût chaptalisé au jus de raisin concentré de production propre fermente en cuve inox grâce à des levures sélectionnées. La fermentation malolactique se fait, le vin conserve malgré tout 6g d’acidité. Le vin est filtré à la mise.

 

 

A propos du domaine

Schwarzenbach Weinbau, cette petite propriété familiale située à Meilen, à quelques kilomètres de Zurich, est cependant un des domaines les plus importants de l’appellation Zürichsee AOC. Certes plus pour la qualité d’ensemble de sa production que pour ses 8,5 ha de vignes. Pas moins de 12 cépages différents y sont cultivés dont le Räuschling qui s’étend sur à peine sur 0,75 ha exposé au sud à 420 mètres d’altitude.