Satigny, son coteau, ses hameaux et ses vignobles! L’image bucolique pourrait être légèrement assombrie par sa zone industrielle de plus de 140 hectares. Mais peu s’en faut, avec ses 460 hectares, le vignoble règne toujours en maître sur ce coteau du Mandement. Recensée comme la plus grande commune viticole de Suisse, Satigny vit encore aujourd’hui au rythme des vendanges et des traditions.

La liesse des vendanges

«Avec l’automatisation on recrute moins et cela va plus vite, relève Jean Daniel Ramu, ancien maire de Satigny, lui-même vigneron encaveur. Mais le travail manuel dans les vignes reste indispensable.»

Louis Barby, membre du groupe d’archives de Satigny, se souvient des années où la file de tracteurs devant la Cave de Genève n’avait rien à envier aux bouchons actuels de l’autoroute. «La main-d’œuvre venait de toute l’Europe et c’était la fête durant un mois.»

Aujourd’hui Satigny capitalise sur son histoire tout en développant et diversifiant son vignoble. «Durant des années on a produit essentiellement du Chasselas, du Chardonnay, du Gamay et du Pinot Noir, détaille le professionnel. Dans les années 70-80, la mode était au vin de table. De qualité, moyenne, il se vendait souvent en litre et trônait à chaque repas.» Depuis, la tendance a évolué vers un plus grand raffinement. «On en consomme moins, mais de bons produits, plus élégants.» Les vignerons se sont adaptés et proposent désormais des cuvées de prestige. «On compte aujourd’hui plus de 44 cépages sur le coteau», assure le vigneron. Satigny produit toujours environ 80% du vin genevois. Passée de 1400 habitants dans les années 60 à plus de 4000 en 2015, la commune a su garder le charme et la mémoire de son histoire. Plusieurs rues portent des noms liés à la vigne. Tels la mère Jeanne, carafe à mesure de deux litres, ou encore le jarlot désignant un récipient en bois. «Il y a une volonté de survivance de notre histoire», confie Louis Barry.

La saga de la Cave

Parmi les anecdotes ou affaires qui secouèrent Satigny, celle de la faillite et la réhabilitation de la Cave de Genève est sans doute la plus émotionnelle. Vendu aux enchères en 1994, le bâtiment fait aujourd’hui l’objet d’une vive polémique entre les architectes, à l’origine d’un important projet immobilier et les Satignotes attachés à «leur» Cave. «Créée en 1934 par une quarantaine de vignerons du Mandement, elle répondait à un besoin d’unir les forces et les compétences pour survivre, explique Louis Barry. Elle n’a pas résisté aux turpitudes des marchés et certaines récoltes l’ont plongée dans les chiffres rouges, jusqu’à la faillite en 1991.»

L’esprit d’équipe, les Satignotes l’ont souvent développé. «Il y a eu l’étable coopérative, où les agriculteurs se partageaient l’espace pour leur bétail, se souvient cet ancien réalisateur de la Télévision suisse romande. Elle a aussi fermé et fait place à un projet de club échangiste, abandonné…»

Un autre symbole fait aujourd’hui l’objet d’une transformation, verticale celle-ci. L’architecte genevois Thomas Büchi prévoit de construire une tour panoramique en lieu et place du château d’eau de Peissy, inutilisé et vétuste. «Pourquoi pas? Le panorama est magnifique», lâchent les deux hommes. Sur les hauts de Bourdigny, un verre à la main, ils racontent volontiers l’histoire de la comtesse Eldegarde, évoquent la disparition de la distilleuse, communautaire elle aussi, que l’on ressort à la Saint-Martin et bien d’autres souvenirs d’un petit village qui joue dans la cour des grands depuis des décennies.

En chiffres

Située à 450 m d’altitude, Satigny est la capitale du Mandement et, forte de ses 1892 ha, la plus grande commune genevoise. 

Elle compte: 
- 5 hameaux classés: Bourdigny, Choully, Montfleury, Peissy et Peney. Et le village de Satigny. 
- 4127 habitants. 
- 1115 hectares agricoles, dont 460 en vignobles. 
- 25 domaines et 4 viticulteurs. 
- 3 zones industrielles: Meyrin-Satigny, Bois de Bay et la Tuilière abritant plus de 600 entreprises et près de 7000 emplois.