"Je me sens bien dans le vin"
- Lundi 10 novembre 2014
Elu sommelier suisse de l'année 2015 par le Gault & Millau, Jérôme Aké Béda est un fin connaisseur de la vigne et des vins. Un monde qu’il aime partager car, pour lui, la vie est trop courte pour boire de la piquette.
Pour Jérôme Aké Béda, le titre de sommelier suisse 2015 représente la reconnaissance de son travail acharné par les professionnels. «Cela fait vraiment plaisir, mais je vous rassure, j’arrive encore à passer la porte de l’Onde et n’ai pas changé de pointure pour mes chaussures», annonce-t-il dans un éclat de rire.
Quelles qualités doit avoir un bon sommelier?
Il doit avoir une bonne mémoire, être passionné et surtout curieux de tout. Il doit être affable, humble et savoir écouter ses clients. Sans oublier le tact et la psychologie.
Quelles circonstances vous ont amené en Suisse?
Je suis venu de Côte d’Ivoire en Suisse pour parfaire mes connaissances dans l’hôtellerie et la restauration.
Et dans le monde du vin?
J’y suis venu par accident car, au départ et même actuellement, ma fonction première est maître d’hôtel. Puis j’ai glissé dans le vin et je m’y sens très bien.
D’où vient votre coup de cœur pour le chasselas?
Ce cépage me fascine pour son attitude et son caractère qui évite «l’ostentatoire». Discret est son nom mais une vraie force tranquille comme les Suisses. Voilà pourquoi le chasselas me fascine.
Que pensez-vous des cépages autochtones valaisans?
Je dis toujours qu’un pays qui ne prend pas soin de ses cépages autochtones est un peu une aliénation. Les cépages autochtones sont l’essence même de l’histoire et de la viticulture dans une région viticole. Le Valais, fait partie de ces régions bénies des dieux.
Vous aimez apporter une touche d’audace dans le choix d’un vin.
Tout simplement parce que l’audace fait partie des qualités d’un bon sommelier. Il faut faire preuve d‘imagination, de créativité en sortant des sentiers battus; en sachant surtout justifier ses choix sans être prétentieux; parce que dans le monde du vin, l’excitant est la découverte. On peut apprendre en tout temps, même du client.
Que vous apportent vos contacts avec les vignerons?
Une énorme richesse en termes de connaissances et de partages basés sur la compréhension de leur travail qui n’est pas facile. Ainsi que la connaissance du vin avant qu’il ne soit mis en bouteille. Il y a des grands sommeliers qui se sont mis à faire du vin et ça n’a pas donné grand- chose. À mon avis, sommelier et vigneron sont deux métiers distincts. On se complète sur la chaîne de la satisfaction de la clientèle. Moi, je respecte le travail du vigneron.
À qui s’adressent vos soirées découvertes?
À tous les amoureux du bon vin car je pense que la vie est trop courte pour boire de la piquette. Lors de mes soirées, je veux toujours surprendre mon auditoire et mes clients qui sont des aficionados du «bien boire». Il n’y donc pas de place pour la piquette et je me sens investi d’une mission: leur faire plaisir en allant à la découverte de quelques ovnis (objets viniques non identifiés) pour satisfaire leur besoin. J’ai initié depuis bientôt dix ans mes soirées vigneronnes, où il n’y a jamais moins de 100 personnes ([email protected]).