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Plus de questions que de réponses pour aider les viticulteurs sinistrés

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Sylvia Revello
Le dispositif de soutien habituel ne suffira pas à soulager les vignerons frappés par un gel exceptionnel. La Confédération et les cantons étudient des solutions.

Deux mille hectares de vignes et la moitié des abricotiers en Valais, un tiers des coteaux du Vully et du Chablais vaudois, la moitié des vergers et vignobles genevois, 40% du vignoble tessinois: les cultures suisses ont durement souffert du gel printanier ces dernières semaines. Du jamais-vu depuis 1974, voire 1957. Alors qu'on prend peu à peu la mesure des dégâts, la question de l’aide d’urgence se profile. Quelles sont les mesures d’indemnisation prévues à l’égard des agriculteurs touchés? Selon quels critères? De quoi ont besoin les vignerons qui, dans leur immense majorité, ne disposent pas d’une assurance contre le gel - en partie à cause de son coût et de l'extrême rareté du phénomène?

Prêts et crédits sans intérêt, assistance technique: différents moyens sont évoqués pour permettre aux vignerons de surmonter le choc et de reconstituer leur stock de plants. Impossible, pour l’heure, d’articuler un montant, ou d’élaborer un plan d'action alors que le risque de nouvelles vagues de froid reste présent. Vendredi dernier, Johann Schneider-Ammann visitait les vignes et vergers endommagés du Vully. Au-delà des mesures cantonales, la possibilité d’un fonds de secours fédéral se discute actuellement à Berne. Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans, va déposer cette semaine au parlement une motion allant dans ce sens.

«Il n’existe pas de solutions toutes faites»

«Face à cette casse exceptionnellement rare, il n’existe pas de solutions toutes faites», prévient d’emblée Pierre-André Roduit, chef de l’Office valaisan de la viticulture. Avec près de 40% des vignobles sinistrés, de Brigue à Martigny, le Valais est le canton le plus touché. Un groupe de travail se réunira cette fin de semaine, présidé par le conseiller d’Etat Christophe Darbellay, fraîchement entré en fonction lundi. «L’urgence est aujourd’hui de sauver ce qui peut l’être en prodiguant des soins aux ceps endommagés», précise celui qui a reçu près de 200 téléphones d’agriculteurs dévastés depuis deux semaines. Et de glisser qu’un appui politique sera indispensable.

«Les vraies difficultés vont se faire sentir plus tard, courant 2018», estime Yvan Aymon, président de l’Association des entreprises Valais excellence. «Personne n’était préparé à un tel désastre, seuls 5% des viticulteurs sont assurés contre le gel. Certains jeunes vignerons risquent de manquer de liquidités ou n’arriveront plus à rembourser leur crédit.» Face à l’élan de solidarité, le viticulteur veut sortir du message catastrophiste: «Le vin des vendanges 2016 est en bouteille. Consommer local reste la meilleure aide possible.»

«Pas de faux espoirs»

L’étendue des dégâts risque-t-elle de précipiter des entrepreneurs dans la faillite? «Difficile à dire, confie Chantal Aeby Pürro, directrice de la Fédération suisse des vignerons, mais les pertes risquent de pousser certains à abandonner leur activité.» Alors qu’elle collecte encore des chiffres des cantons jusqu’à vendredi, la directrice ne se risque pas à articuler un bilan précis des pertes. «Avant tout pour ne pas donner de faux espoirs.»

L’exemple de Savièse

En attendant une décision cantonale ou fédérale, certaines communes ont pris les devants. A Savièse, où 30% des cultures sont ruinées, la municipalité a par exemple décidé d’exonérer les vignerons concernés de deux taxes pour 2017 et 2018. Soit les frais liés à la lutte contre les parasites et les insectes, et la taxe d’entretien annuelle. Le manque de revenu avoisine environ 200 000 francs.