Schneider-Ammann au chevet des cultures meurtries du Vully
- Vendredi 28 avril 2017
Accompagné de Philippe Leuba, le conseiller fédéral est venu prendre le pouls des cultures frappées par le gel de la semaine dernière.
Image: Pierre Gentizon (au centre)et son beau-fils Julien Cressier montrent au conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann (à d.) les dégâts subis par sa vigne, sous le regard du conseiller d’Etat Philippe Leuba.
Ciel presque aussi bas que le mercure, le temps était à l’hiver ce vendredi matin sur les coteaux du Vully vaudois. Mais le froid n’était de loin pas aussi mordant que celui qui s’est abattu subitement sur la région huit jours plus tôt. De mémoire de viticulteur, on n’avait «jamais vu ça depuis le 1er mai 1947». Touché de plein fouet par la gelée de la nuit du 19 au 20 avril, Pierre Gentizon reste philosophe. Tout comme Jean-Daniel Reuille, dont les cerisaies plantées sur les hauts de Cudrefin n’ont pas compris quel fléau glacial s’abattait subitement sur leurs tout jeunes fruits en plein printemps.
Les deux Vulliérains se sont dits reconnaissants de la visite vendredi matin de Johann Schneider-Ammann. Accompagné du conseiller d’Etat Philippe Leuba, le conseiller fédéral en charge de l’Economie voulait «comprendre les dommages du gel et voir ses conséquences, non seulement sur la récolte prochaine mais aussi sur les suivantes». Dans les vignes de Constantine comme dans les vergers de Cudrefin, il est encore trop tôt pour prendre la mesure exacte des importants dégâts subis. «Mais la violence du froid – on parle d’une température de – 6,5 °C en pleine ville de Berne – fait de cette gelée un cas exceptionnel», précise Claude Baehler, président de Prométerre. Dans les vignes, Jean-Daniel Reuille saisit un sarment. Les feuilles sont toutes jeunes, mais brunes: «Elles sont touchées. Il ne reste qu’à espérer que la végétation reparte sur la tête de cep. Mais pour le fruit, c’est fichu.» Un peu plus loin, dans un autre parchet, le viticulteur montre aux deux politiciens des feuilles vert tendre. «Cette vigne a été épargnée, sans qu’on sache pourquoi. On voulait aussi montrer ce qui va bien, parce qu’on reste positif», sourit Pierre Gentizon.
Aux prises avec la réalité du terrain
La plongée dans la réalité du terrain se poursuit un gros quart d’heure plus tard du côté de Cudrefin pour Johann Schneider-Ammann. Jean-Daniel Reuille saisit ce qui s’apparente à un embryon de cerise. «Si le noyau est foncé, c’est foutu…» A l’aide du couteau suisse qu’il vient de sortir de sa poche, il tranche le fruit en deux, laissant apparaître un centre brunâtre qui ne laisse aucune place au doute. «D’ici deux à trois semaines, les fruits fichus, comme celui-ci, tomberont.»
Les pertes seront lourdes dans le Vully, comme dans d’autres régions touchées. «Et ça nous réchauffe le cœur de voir qu’un conseiller d’Etat et un conseiller fédéral se déplacent pour constater nos misères», souligne Pierre Gentizon. Le «soutien moral» (terme utilisé par l’ex-président de la Confédération) aura-t-il des répercussions concrètes? Johann Schneider-Ammann joue la prudence: «Nous attendons d’avoir une vision complète de la situation pour décider du geste à faire.»