Les vendanges se terminent en Valais
- Samedi 05 novembre 2016
Qui va piano va sano. Si les vendanges ont été longues, la fatigue des vignerons n’aura pas été vaine. Qualité et quantité du millésime 2016 sont de bon augure pour le marché.
Les vignerons valaisans sont fatigués. Fatigués mais contents. Ces vendanges qui se sont étalées sur plus de six semaines leur ont parfois semblé interminables, mais au final, qualité et quantité sont au rendez-vous. «Je n’ai rencontré que des gens satisfaits dans le vignoble», confie Pierre-André Roduit, le chef de l’Office de la viticulture.
On remplit les caves
Marc-André Devanthéry, directeur technique de la Coopérative Provins, se frotte les mains. «Avec des rendements plus élevés de 15 à 18% que l’an passé, nous allons pouvoir reconstituer nos stocks, car la cave n’a jamais été aussi vide.» Même son de cloche du côté de Frédéric Rouvinez, directeur des domaines éponymes. «Sur l’ensemble des 120 hectares que nous travaillons entre Salquenen et Fully, nous avons en moyenne 20 à 25% de plus de raisins qu’en 2015.» Après quatre années de petites récoltes, ce retour à un volume normal arrive à point pour juguler la baisse des ventes de vins suisses dans la grande distribution (moins7,2% pour le premier semestre 2016 selon l’Observatoire suisse du marché des vins). «On est en train de préparer des vins pour honorer nos premiers contrats», se réjouit Marc-André Devanthéry.
Le jus est bon
«L’état sanitaire est extrêmement sain», assure Frédéric Rouvinez qui considère les 30% de cornalin touchés par le mildiou dans leur domaine de Montibeux comme un élément relativement peu important à l’échelle de l’ensemble des domaines familiaux. «Avec des pluies tous les deux jours, l’été a été assez difficile. C’est compliqué de traiter des surfaces réparties sur tout le canton. Inévitablement, nous avons raté un traitement, accentué par un manque d’expérience de la viticulture bio.»
Si fin août la région de Venthône a subi une attaque de grêle, les producteurs s’en sortent bien. «Les deux semaines de beau temps qui ont suivi ont cicatrisé les plaies des baies, ce qui nous a permis d’échapper à une attaque de pourriture ou de mouche suzukii», explique Samuel Clavien de la Cave la Pierre. Cette fameuse mouche asiatique qui fait désormais partie des ennemis incontournables de la vigne a heureusement fait peu de dégâts cette année. Le vin s’annonce excellent.
«En dégustant les vins stabilisés, on éprouve beaucoup de plaisir», affirme Jean-Daniel Favre de la cave La Tornale à Chamoson.
La maturité a été longue, le fendant qui a eu du mal à sonder aura plus de fraîcheur que le 2015. Malgré une acidité plus faible, on nous promet des blancs fruités en diable. Et le millésime s’annonce prometteur pour les rouges précoces. Les cépages tardifs seront sans doute moins opulents que certaines années très chaudes, mais joueront la carte de la délicatesse.
Les vignes bios s’en sortent aussi bien
Face aux attaques de mildiou, ce sont surtout des parcelles traitées en bio qui ont souffert. Benoît Dorsaz de Fully concède «une année très difficile où il a fallu serrer les traitements.» Mais il refuse d’y voir une limite au bio. «Le mildiou a sévi sur toute l’Europe. Le Valais a été relativement peu touché même si nous n’avons pu échapper au phénomène. Ce qui est vrai, c’est que le bio est un mouvement en marche. Nous devons sans cesse affiner nos traitements afin d’optimiser les effets des tisanes utilisées (cuivre, souffre ou bicarbonate)»
Ces parcelles ont demandé plus de travail que les autres. «Nous avons dû former nos vendangeurs pour qu’ils trient les raisins et coupent toutes les baies touchées. Ç’a demandé beaucoup de temps et de concentration», avoue Benoît Dorsaz.
Pourtant, il ne reviendrait pour rien au monde en arrière. «J’ai connu l’évolution de la viticulture traditionnelle en production intégrée et maintenant, j’ai opté pour le bio. C’est un peu comme si on lâchait un filet de protection, mais le résultat est là. La qualité des fruits est géniale. On n’a pas un grain de pourri et pas plus de charges sur les ceps que les années précédentes.» FM