Actualités

Viticulteurs et maraîchers face à la menace du gel

Source /
Valentin Schnorhk
C’était il y a seulement une semaine. Les chaleurs estivales nous avaient fait oublier les dictons d’avril. Les badauds en ont bien profité. Au moins autant que les bourgeons, qui ont fait leur apparition dans les vignes genevoises. Sauf que le retour de manivelle est douloureux. Les températures ont chuté, la bise balaie le bassin lémanique et le risque de gel se montre insistant dès que la nuit tombe.

Du côté des viticulteurs, la préoccupation est réelle. Jean-Claude Crousaz, du Domaine des Trois Etoiles, à Peissy, ne fait pas de mystère: «Si ça gèle, la récolte est nettoyée. Mais nous ne pouvons rien faire contre, nous ne sommes pas organisés pour faire face. Alors on se tient les pouces.» Selon les prévisions de MétéoSuisse, la nuit de jeudi à vendredi apparaît comme la plus à risque. «Du moment que la bise est présente, la baisse des températures nocturnes reste limitée, explique Dean Gill, météorologue. Mais le vent devrait se lever la nuit prochaine et les températures sont appelées à s’écrouler. Puis on attend un réchauffement dans la journée de vendredi, même si la nuit suivante n’est pas exempte de tout risque.»

Dans ce cadre-là, certains cherchent des solutions pour prévenir le gel. C’est par exemple le cas au Domaine Les Hutins, à Dardagny. «Nous allons placer quelques bougies à la paraffine sur le bas d’un coteau pour essayer de tempérer le gel, détaille Emilienne Hutin. Nous avons aussi tenu l’herbe bien ras. Maintenant, ça passe ou ça casse. Mais la période entre fin avril et fin mai est toujours un peu délicate.»

Sonde dans le verger

A la Ferme des Bois, à Lully, où l’on cultive pommes et cerises, on vit des heures tendues, mais les dispositions ont été prises. Annette Chevalley fait état des mesures: «Nous avons une sonde dans le verger, qui envoie une alerte sur le téléphone portable si la température est trop basse. Dès lors, nous arrosons en continu tant que le gel est prégnant. Nous avons prévu de le faire durant les nuits de jeudi à vendredi et de vendredi à samedi, qui s’avèrent cruciales.»

Les maraîchers sont eux un peu moins préoccupés que leurs collègues. «Les cultures délicates ne sont de toute façon pas encore sorties, ou alors elles sont bâchées depuis longtemps, fait remarquer Jacques Blondin, directeur général de l’Union maraîchère. Mais les cultures en extérieur sont en avance. Nous avons par exemple des salades qui sont prêtes à être coupées. Si la température passe en dessous de –3 degrés Celsius, elles seront en danger. Mais cela ne semble pas être le cas. Ce sont donc des aléas supportables.» Avant de lancer sur un ton léger: «On a cru que l’été était là. Mais n’oublions pas que la période des saints de glace ne se termine que le 13 mai.»