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Une vie passée à créer des vins

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Chantal de Senger
En juin prochain, Gilles Besse quittera la présidence de Swiss Wine pour se consacrer exclusivement à la cave Jean-René Germanier qu’il codirige avec son oncle.

Après plus de vingt années passées à s’engager au sein de différents organismes pour la promotion du vin suisse en Suisse et à l’étranger, le Valaisan de Bagnes quittera Swiss Wine en juin prochain. Il entend désormais se consacrer à la cave Jean-René Germanier, dont il est copropriétaire avec son oncle. Situé dans le petit patelin de Vétroz, à quelques kilomètres de Sion, le domaine produit une trentaine de crus dont plusieurs viennent d’être récompensés par Wine Advocate, le magazine du célèbre Robert Parker, avec des notes se situant entre 91 et 94 points sur 100. Parmi ceux-ci, neuf cayas (100% syrah) de différents millésimes (de 1999 à 2014) ont été distinguées par Stephan Reinhardt, chargé du classement Parker pour la Suisse. 

 

Du jazz à la vigne

Au départ, Gilles Besse se voyait musicien de jazz. Alors en quête d’un avenir professionnel, il réalise rapidement que vivre du saxophone est un rêve inaccessible. Après un bac international à Genève et une année sabbatique à voyager, il choisit l’Ecole d’ingénieurs de Changins pour devenir œnologue. 

En 1993, à l’âge de 24 ans, Gilles Besse rejoint son oncle Jean-René Germanier en Valais, sur les terres familiales. Depuis lors, les deux associés fonctionnent en binôme, le premier avec son côté créatif et artistique, et le second avec son esprit entrepreneurial et visionnaire. La cave, dont la principale activité était la production d’eaux-de-vie, a depuis été complètement repensée. Plusieurs millions de francs ont été investis pour l’agrandir, la moderniser et la développer. 

A la pointe des dernières techniques de vinification, Gilles Besse a été l’un des premiers en Suisse à introduire la méthode de pigeage. Cette opération, réalisée durant la période de fermentation, consiste à enfoncer le chapeau de marc en surface dans la partie liquide du moût, afin d’extraire  les tanins, les arômes et la couleur au vin rouge. En vingt ans, le Valaisan et son oncle ont beaucoup innové et développé notamment la production de vin rouge.

«J’ai passé ma vie à créer des vins.» Depuis les années 1990, le domaine a ainsi augmenté l’encavage final par dix. Alors qu’il achète les deux tiers de ses raisins à quelque 120 fournisseurs de la région, il produit environ 800 000 bouteilles par an. L’entreprise emploie une vingtaine de collaborateurs et travaille avec trois équipes de vignerons qui cultivent 45 hectares de vigne.

Elu à la présidence de Swiss Wine en 2012 pour une durée de quatre ans, Gilles Besse a récidivé en 2016 avec pour mission, durant son mandat, de restructurer cette jeune association afin de la rendre plus professionnelle. Il a ainsi favorisé la collaboration entre toutes les régions viticoles de Suisse. Il a également fait en sorte que les vins suisses soient mieux positionnés dans la grande distribution et dans la gastronomie. Depuis lors, Swiss Wine collabore régulièrement avec Gault&Millau et les plus grandes tables de Suisse. L’association a établi des liens, en outre, avec l’Association suisse des sommeliers professionnels, l’Institute of Master of Wines ainsi qu’avec des écoles, notamment la Wine Academy (WSET) pour former la jeune génération aux vins suisses. 

Après plus de vingt années à se battre pour l’interprofession, ce qui lui remplissait quasiment 40% de son agenda, le Bagnard quittera son poste au mois de juin. Swiss Wine sera alors fusionnée avec une nouvelle société anonyme (SWP SA) composée d’actionnaires (parmi lesquels les régions et les acteurs de la profession), avec un conseil d’administration et un bureau à Berne. «L’idée est d’avoir des objectifs clairs et de proposer une stratégie à long terme pour optimiser la promotion des vins suisses. Il faut surtout arrêter la concurrence interrégionale et mettre toutes nos forces en commun.»  

 

La voie des vins bios

«J’aimerais consacrer plus de temps au domaine Jean-René Germanier pour pouvoir le développer. Et puis, nous sommes à fond dans l’agriculture biologique en ce moment.» Trois de ses vins sont déjà certifiés 100% bios. «Nous allons continuer dans cette voie. Et je suis ouvert à plein d’autres projets autour de la vigne et du vin s’ils sont intéressants.»