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Pourquoi le vin fait aussi partie du patrimoine suisse

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Jean-Marc Amez Droz
Le sondage réalisé par MIS Trend à la demande de Swiss Wine Promotion laisse paraître qu’en 2017 les vins suisses ont rejoint la France et l’Italie dans le cœur des Suisses. 86% de consommateurs de vins ont cité spontanément la Suisse comme pays viticole alors qu’il n’était que 78% en 2008.

Voilà qui est réjouissant et surtout mérité. Cependant il reste encore un énorme travail à faire car dès que l’on sort de nos frontières la Suisse disparaît du radar des amateurs de vins. Ce n’est certes pas surprenant car avec moins de 15'000 ha de vigne (équivalent du vignoble de l’Alsace) et des exportations qui se montent à environs 1% de la production, les amateurs de vins étrangers n’ont pas souvent l’occasion de déguster des vins suisses. Cependant, si l’on regarde l’importance culturelle et environnementale de la viticulture en Suisse, les vins de notre pays sont tout à fait en droit de revendiquer une place au côté des icônes qui portent haut et loin l’image de notre pays. En effet, depuis plus de 2'000 ans les vignes et le vin contribuent au façonnement des paysages et de l’identité de notre pays.

Depuis l’avènement de la chrétienté l’art de travailler la vigne et de vinifier les raisins a accompagné le développement culturel, social, économique, artistique de notre pays. De nombreux objets du quotidien ou bijoux de valeurs visibles dans nos musées ainsi que des registres datant de l’antiquité à nos jours en témoignent. 

Depuis le 1er siècle avant JC (date des premiers vestiges connus de production de vins en Suisse) l’art de cultiver la vigne sur nos coteaux n’a cessé d’évoluer et de s’adapter au fil des années. L’encépagement actuel en porte d’ailleurs les traces.

Cépages parfaitement adaptés

Les cépages autochtones uniques, propres à nos vignobles, tels que la Petite Arvine, l’Humagne blanc ou le Cornalin en Valais et le Completer au Grison témoignent de l’authenticité des origines de notre viticulture. La présence de cépages anciens venant de vignobles voisins prouve sa vitalité et son aptitude à évoluer. Ainsi le Räuschling venu du Palatinat d’où il a pratiquement disparu est encore cultivé sur les bords du lac de Zurich ou le Pinot noir venu de Bourgogne qui s’est implanté dans tout le pays par étape successive depuis le moyen âge le prouvent. La crise du phylloxera a poussé les vignerons à modifier leurs méthodes de culture et les a incité à planter d’autres cépages tels que la Syrah, la Marsanne ou le sylvaner. Et, plus récemment le développement de nouvelles obtentions par les stations de recherches agronomiques a encore élargi la palette avec des cépages parfaitement adaptées à nos terroirs tels que Gamaret, Garanoir Diolinoir et autres Doral. Tous sont là pour témoigner de l’authenticité de la tradition viticole en Suisse. 

La cohabitation de ces cépages autochtones avec des cépages «classiques» de vignobles voisins, et des nouveaux cépages indigènes donnent à la viticulture suisse une identité et une spécificité unique qui mérite d’être reconnue. 

Nos vins sont à l’image de notre pays. Une diversité respectant la particularité des climats et terroirs de chaque région, une authenticité, un savoir-faire propre qui permet de produire des vins d’une qualité de plus en plus reconnue au niveau national et international. Il est donc légitime qu’ils demandent à être reconnus comme un élément identitaire fort de la Suisse au même titre que le couteau suisse, le chocolat au lait, les banques ou l’horlogerie. Soyons en fier et il ne fait aucun doute que très prochainement les vins suisses auront leur place dans le cœur des amateurs de vins du monde entier.