Actualités

Les CFF snobent les vins suisses

Source /
Melina Schröter
Sur la carte des wagons-restaurants, la moitié des vins sont étrangers. C'est beaucoup trop pour le directeur de la Semaine du goût.

«Est-ce que dans les trains français et italiens, on sert autre chose que du vin français et italien?» Il y a quelques jours, un voyage en train a été l’occasion pour Josef Zisyadis, directeur de la Semaine suisse du goût, de consulter la carte des vins des wagons-restaurants helvétiques. Et d’avaler de travers avant même d’être servi.

En tout, six références différentes, trois blancs, trois rouges. Pour les premiers, un Fendant valaisan, un Chasselas vaudois et un vin espagnol. Peu de choix mais toujours plus que pour le rouge qui ne propose qu’un seul vin helvétique, un Merlot tessinois, cohabitant avec un vin italien et un français. «C’est invraisemblable! Ça n’est quand même pas trop demandé que de voir représentées les six régions vitivinicoles de Suisse sur la carte des Chemins de fer fédéraux. Il y a dix ans, Elvetino était un partenaire de la Semaine du goût et mettait en avant les produits du terroir. Aujourd’hui, cette carte illustre encore une fois la politique hors sol des CFF, coupés de nos terroirs. La même que celle pratiquée dans les gares. Un train n’est pas juste un lieu de passage commercial. C’est, pour les Suisses, un lien entre les différentes régions et, pour le tourisme, un lieu de valorisation des produits d’exception.»

Les CFF plaident la diversité

Le défenseur du patrimoine suisse va même plus loin. Pour lui, il n’y a aucune raison de servir des vins étrangers, même avec une carte mieux fournie en production locale. «Je ne crois pas que la SNCF (ndlr: chemins de fer français) vende des vins suisses, et c’est bien normal.» En effet, vérification faite, les cartes de nos voisins ne proposent que des vins du pays. Avec une mention spéciale pour l’Italie qui a des références de toute la Botte, bières comprises.

Du côté des CFF, on plaide une recherche de diversité. «Nous désirons proposer à notre clientèle une offre de restauration la plus variée possible, en faisant largement appel aux spécialités helvétiques dans tous les trains InterCity et EuroCity, commente Jean-Philippe Schmidt, porte-parole. Et cela en dépit des contraintes logistiques de la restauration ferroviaire. En matière de repas, plusieurs spécialités et produits suisses sont proposés. En matière de boissons également: pour les bières, par exemple, il y a une offre suisse avec Feldschlösschen, une bière internationale, Carlsberg, et une bière régionale suisse, qui change tous les 4 mois.» 

A entendre le transporteur, l’offre correspond à une demande de sa clientèle, qui ne veut pas forcément de vin suisse. «Depuis le lancement de la nouvelle carte début avril, les retours de la clientèle sont très positifs. De plus notre carte de mets offre plusieurs spécialités helvétiques.»

Collaboration avec Mövenpick

Mais pas question pour le défenseur du terroir qu’est Josef Zisyadis de baisser les bras. Au contraire, il les tend aux CFF: «Nous sommes prêts à collaborer avec Elvetino pour les conseiller. Leur carte pourrait devenir une vraie vitrine représentative du patrimoine suisse.» Pour l’heure, l’entreprise a un partenariat avec Mövenpick, qui propose notamment des choix de vins.