L'année des vignerons pourrie par le mildiou
- Vendredi 14 octobre 2016
Pluies abondantes, infections, dessèchement des grappes: alors que les vendanges sont en cours, Agroscope annonce que 2016 sera une année «exceptionnellement difficile». Le centre de recherche agronomique rappelle que l'usage de pesticides est indispensable.
«Des pluies très abondantes jusqu'en juillet ont localement fortement favorisé le mildiou de la vigne», un champignon qui en conditions humides peut se répandre de manière «explosive». Des épidémies d'une telle ampleur n'avaient plus été observées depuis vingt ans, écrit Agroscope vendredi dans un communiqué.
Des infections précoces importantes sur les inflorescences dans la première quinzaine de juin ont conduit au dessèchement complet d'un grand nombre de grappes. Les pluies de mi-juillet ont ensuite produit de nouvelles infections sur grappes qui ont encore réduit la récolte, détaille-t-il.
De tels phénomènes montrent l'importance de produits phytosanitaires. Or ces traitements sont de moins en moins acceptés par la société qui peine à comprendre leur nécessité, déplore Agroscope.
Le mildiou est une maladie épidémique. Une fois installé, il n'existe aucun fongicide capable de l'éliminer totalement. Il est donc indispensable d'anticiper et de traiter préventivement la vigne avant que le mildiou ne s'installe.
Quid du bio
Ces arguments vont toutefois à l'encontre d'un courant qui se veut toujours plus «bio» dans la branche. Comme le rappelle 24 Heures dans son édition de jeudi, la viticulture biologique a le vent en poupe dans le canton de Vaud. Selon le quotidien, 20% du vin bio helvétique est issu des vignobles vaudois. Le nombre d'inscrits pour les contributions cantonales est passé de 27 à 37 en une année.
Agroscope n'est pas convaincu par la production biologique. Ce procédé protège les vignes principalement avec du cuivre, du soufre ou d'autres produits naturels. Ces derniers agissent cependant moins longtemps. Les traitements doivent donc être renouvelés fréquemment.
«Le recours au cuivre, conjugué à un nombre de traitements nécessaires plus élevé, conduit à un bilan global mitigé», conclut Agroscope. Il faut trouver des alternatives au cuivre tant en Suisse qu'en Europe. Or à ce jour, aucun produit naturel montrant une efficacité suffisante n'a pu être découvert, relève-t-il.
Agroscope développe des méthodes permettant aux vignerons suisses de faire un usage «raisonné» des pesticides, rappelle-t-il. Le but est d'utiliser le moins de fongicide possible. Dès 2017, un plan d'action national - mis en place conjointement avec la filière vitivinicole - renforcera ces efforts.