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Interview d'Olivier Viret responsable du centre de compétence vinicole du canton de Vaud.

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Anetka Mühlemann
Swisswine Vaud Olivier Viret
«J’aimerais faire du canton un laboratoire vivant de la viticulture» dixit Olivier Viret qui passera, en 2017, de la station fédérale de recherche Agroscope à la tête du centre de compétence vitivinicole du canton.

En tant que Monsieur Vigne, quel sera votre principal objectif?

Pour moi, il est indispensable d’utiliser les compétences des scientifiques d’Agroscope à l’échelle vaudoise. Avec la création d’un groupe de gens intéressés par l’innovation viticole, afin de voir où sont leurs problèmes. C’est aussi d’accompagner les viticulteurs dans leur démarche expérimentale à l’échelle de leur entreprise avec les moyens possibles, et de faire des synthèses avec eux. Cela implique des vinifications, des microvinifications. Ce qui nécessite une rigueur absolue. L’approche devrait inclure, si possible, les experts d’Agroscope.

Une démarche collaborative à mener à d’autres niveaux?

Je voudrais que ce principe se décline à l’échelle des réseaux du cépage résistant Divico. Avec Agroscope, on a déjà initié un peu cela. Ce qui manque aujourd’hui, c’est de pouvoir échanger en direct avec les vignerons et de les accompagner dans leur parcours pour la valorisation de Divico et d’autres cépages résistants aux maladies. J’aurai une grande satisfaction si, dans quinze ans, on a augmenté de manière significative la surface de cépages résistants.

Mais cette voie ne risque-t-elle pas de porter atteinte à la diversité?

Il y a aussi la valorisation des cépages autochtones traditionnels vaudois. A Pully, nous disposons de la plus grande collection mondiale de chasselas, avec 300 types. Aujourd’hui, par exemple, le changement climatique éveille un intérêt massif pour les chasselas giclets, qui ont une note plus vive, parce qu’on a généralement des maturités plus importantes et on recherche des vins au profil plus tendu. La recherche des clones les mieux adaptés aux conditions climatiques actuelles est fondamentale pour tous les cépages traditionnels, pinot et gamay aussi. Donc l’idée est de profiter de cet extraordinaire matériel végétal et de soumettre des projets aux collaborateurs d’Agroscope pour partir avec des viticulteurs dans de l’expérimentation avec un seul but: l’amélioration qualitative constante des vins vaudois dans un climat qui change.

Que pensez-vous des expériences empiriques menées par certains?

Les gens font ce qu’il veulent. Mais le viticulteur doit pouvoir se fier aux instances de sa région. Si les gens se mettent à l’expérimentation à titre personnel, avec «du bricolage», puisqu’ils ne sont pas toujours de fins expérimentateurs, c’est signe qu’ils n’obtiennent pas de réponse à leurs questions à l’échelle de leur région. Alors, bien sûr, avec les enjeux du bio, on ne peut pas freiner les pionniers. Bien au contraire, il faut les encourager! Mais maintenant, dans quelle mesure le Canton peut-il mieux accompagner les pratiques, cela restera à déterminer.

Par rapport à Agroscope, quel levier supplémentaire aurez-vous?

Il est clair que j’aimerais utiliser ce canton comme laboratoire vivant de la viticulture latine. Les terroirs vaudois sont ceux qui ont été le plus étudiés. Par ailleurs, l’Etat de Vaud possède des domaines viticoles à Marcelin (Morges) et aux Hospices (Aigle et Villeneuve). Donc il y a tout un challenge aussi pour en faire des vignobles pilotes. Mon plus grand souhait, c’est qu’on trouve la meilleure harmonie possible avec les vignerons vaudois et un développement de la viticulture qui soit écologique, durable et fière de ses vins de haute qualité.