Arvinis entame son ère montreusienne
- Vendredi 28 avril 2017
La première édition au 2m2c court jusqu’à lundi. Le cadre séduit des exposants qui veulent toutefois juger sur les ventes.
Depuis mercredi, Arvinis est entré dans son ère montreusienne. Après 21 éditions du côté de Morges, l’exposition créée par la famille Fehlmann prend ses marques dans les halles du 2m2c. Du haut de la passerelle qui surplombe la ruche des exposants à l’œuvre, Pierre-Alain Rattaz semble serein: «Mais je suis bien stressé quand même», concède le directeur, à sa première à la tête de la manifestation.
En contrebas, les stands très invitants de la halle A sont déjà bien garnis en ce début de soirée de jeudi. De quoi inviter à l’optimisme pour cette édition forcément un peu particulière «où il a fallu se réinventer», continue Pierre-Alain Rattaz. «Mais si le théâtre change, la pièce et les acteurs sont les mêmes: 95% des exposants nous ont suivis.» La scène Arvinis a tout de même passé en version XL. De 150 exposants dans les anciennes halles CFF de 3500 m2 à Morges, ils sont désormais 200 dans un écrin de 5600 m2. Quelque 20'000 visiteurs sont attendus.
Du cachet de Morges...
Au moment de prendre la température auprès des exposants, ce gain de surface est un point qui revient invariablement et d’entrée de jeu. Parmi les autres arguments principaux: «Des locaux lumineux», «des stands très pros», «une organisation convaincante», «c’est mieux chauffé». Même si les sondés n’ont pas beaucoup de recul après deux jours, les premières impressions sont positives.
«On a plus d’espace, c’est plus facile de discuter, lance Corinne de Mestral, du Domaine de Maison Blanche, au Mont-sur-Rolle, société fidèle de la manifestation depuis les débuts. A Morges, il y avait le cachet des halles CFF (ndlr, détruites depuis, raison du déménagement de la manifestation), ici on a un côté plus bling bling, même s’il a un peu découragé nos fidèles de Morges. C’est peut-être la conséquence d’un petit côté borné, sourit-elle, mais je pense qu’ils vont finir par venir.»
...à la classe de Montreux
A l’autre extrémité, au fond de la halle B, le public se fait plus clairsemé, faute de se situer là où les visiteurs arrivent dans la fosse. «C’est beaucoup plus grand, mais c’est plus dilué aussi, et la signalisation n’est pas optimale, nuance Mathurin Ramu, du Domaine de Chafalet (Essertines-sur-Dardagny, GE). D’habitude, Arvinis, dès 16 h le premier jour, c’est la file d’attente. Là, on est plutôt au compte-gouttes. Mais le rendez-vous est nouveau, on en est au deuxième jour, il faut voir. Il n’y a pas de raison que ça ne marche pas».
«En tant que Montreusien, je suis très content qu’Arvinis ait déménagé ici, je ne fais pas partie des nostalgiques de Morges, lance Guy Stuby, responsable des domaines chez Patrick Fonjallaz (Epesses). Les halles sont bien adaptées, on a plus d’espace, l’aération est meilleure.» «J’ai fait tous les Arvinis et je pense qu’on est monté d’un cran dans le niveau qualitatif de l’exposition», lance carrément Raymond Paccot, pourtant vigneron à La Côte, sur le Domaine La Colombe, à Féchy.
Arvinis ou Divinum?
Reste le critère premier pour juger de la réussite de l’Arvinis nouveau: les ventes. En cela, Arvinis joue gros dans son duel à distance avec Divinum, qui a repris le flambeau à Morges, qui plus est à la même période. Selon Pierre-Alain Rattaz, la moitié de «ses» exposants a pris part au nouveau rendez-vous du 5 au 10 avril.
A l’instar de Bruno Perseval, producteur de champagne à Sacy (Reims) et fidèle d’Arvinis, les exposants sont dès lors «en phase test» à Montreux. «Nous sommes clairement à l’essai, admet aussi Raymond Paccot. Ici, il y a toute une clientèle à apprivoiser, il faut voir les retombées économiques. A terme, j’opterai pour l’un ou l’autre de deux rendez-vous, c’est clair, notamment pour des questions de frais. Si l’une des manifestations se déroulait au printemps et l’autre en automne, on pourrait encore discuter, mais là…».
Bernard Conne, du Domaine des Charmes, à Poissy (GE), se laisse trois ans, car «on ne déplace pas une clientèle comme ça». Pour Roland Beeri, responsable commercial sur le canton de Vaud pour Badoux Vins (Aigle), «il faut en faire quatre ou cinq pour se faire une bonne opinion. Nous allons continuer à être présent à Morges et à Montreux et nous verrons s’il convient de choisir, mais j’ai bien l’impression que oui». Un pronostic? «Je dirais Montreux, mais aussi parce que c’est davantage notre fief.»